Saturday 30 January 2010

Chapitre 4

Tout seul… ou presque. Car penché sur le récif, à regarder la mer, il y a un chien.

Un vieux cabot hirsute et plein de poils qui ne m’a pas remarqué.

Je m’approche.

“Sale boulot!” grogne-t-il dans sa barbe, “encore à se faire pouponner!”

“Qui donc?”

“HMMMM?” Bien qu’il m’ait entendu, le vieux chien pêcheur est bien trop occupé à surveiller l’eau pour se retourner.

Je me risque à insister:

“Qui se fait pouponner?”

“Le Ro’I! Ca fait des heures que je l’attends pour le débarasser de ses poissons parasites! … Délicieux d’ailleurs, je t’en ferai goûter!”

Le chien s’est enfin retourné:

“Tiens, tiens, tu pourrais bien faire l’affaire, toi!” dit-il en me mesurant du regard.

Là, j’ai eu la peur de ma vie! Je n’avais pas fait tout ce chemin pour lui servir de dîner! J’allais m’enfuir sans demander mon reste, quand il précisa:

“Petit comme tu es, tu peux plonger entre les rochers. Tu pourrais aller voir si le Ro’I est là!”

Je préférais risquer ma peau dans l’eau que finir en chair à patée! Aussi, je remplis mes poumons d’air et sautai dans l’eau foncée.

Léger comme une amande, je ne m’enfonçai pas plus de quelques pouces. Une algue qui pointait sa tête vers moi me servit de corde pour descendre vers les coraux qui tapissaient le sable.
Autour de moi, la lumière du jour faisait place à des formes inquiètantes.

Mon coeur battait à tout rompre et j’étais persuadé que tous les poissons pouvaient m’entendre! Il leur suffisait d’être un brin curieux pour me gober comme une bulle de soleil ou un morceau de pain.

Il fallait me faire tout petit! J’allais me réfugier dérrière une fleur de corail où j’attendais de me faire à l’obscurité.

En quelques secondes, les formes se précisèrent.

Non loin de moi, un poisson monstrueux était stationné près d’une anémone. C’était le Ro’I! On aurait dit le truck du ramassage scolaire! Devant lui était garé un rouget et, attendant dérrière lui, deux Rari bavardaient dans le courant.

Quant au poisson parasite, il dormait comme un bienheureux sur le dos du Ro’i.

Dans ma surprise, j’ouvrai la bouche et, comme vous vous en doutez, l’eau s’y engouffra si brusquement que je crus ma dernière heure arrivée!

Allais-je me noyer avant même d’avoir retrouvé l’esprit du Coq?

Après avoir étouffé, toussé à m’en arracher les poumons, une fraîcheur me pénétra tout entier!

Je ne pouvais y croire: non seulement je parlais Coq, Vini, Bernard L’Hermite, Chien, mais voilà qu’en plus, je respirais sous l’eau!

Décidement, il n’y avait pas que du mauvais dans le sort que le coq m’avait jeté!

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