Saturday 30 January 2010

chapitre 7

L’eau qui dégoulinait de mes cheveux dans mes yeux m’empêchait de voir et je me crus un instant débarqué dans la gueule d’un dragon!

En effet, le récif allongeait ses dents noires sur le feu rougeoyant du crépuscule!

Etait-ce un présage?

Il est vrai que je n’étais pas très pressé de quitter l’eau pour tomber entre les crocs du chien pêcheur! Surtout s’il me fallait lui annoncer que le Ro’í était parti depuis longtemps avec son poisson parasite!

A mon grand soulagement, ça n’était pas le chien pêcheur qui m’attendait sur le récif, mais un petit bonhomme tout souriant.

Pieds nus sur le rocher, il aurait pu être un enfant sans tous les tatouages magnifiques qui couraient sur son corps. De plus, son front large, ses longs sourcils gris, la brousse emmêlée de ses cheveux étaient ceux d’un homme âgé.

“Je t’attendais pour te remercier!” me dit-il dans un souffle que je pris pour le vent. Mais il n’y avait pas de vent.

« Je ne pouvais pas la quitter parce que je savais l’amuser ! C’est important d’amuser... »

Et il me tendit sa main fine et noueuse comme la tige des arbres. Mais lorsque je l’attrapais, je ne sentais rien dans mes doigts.

On ne touche pas les esprits, ce sont eux qui nous touchent…

Je me sentais plein de calme et admirai le ciel rose et bleu qui brûlait sur
L’horizon.

Soudain, un des rouleaux qui s’abattaient sur le récif prit une couleur émeraude et étincela sur la mer comme une lance brandie par un monstre marin!

Je ne me retournai même pas pour prendre l’esprit à témoin: je savais que c’était lui que je voyais partir sur l’horizon…

Je l’avais libéré.

Epuisé, j’allais m’endormir dans le chuchotement de la brise, lorsque :

“Teva! Ohé! Téva!”

Je sursautais et cherchais des yeux sur la plage: Le Bernard l’Hermite m’y attendait au bord de l’eau, la grosse lanterne rouge hissée sur son dos.

Mon ami Vini était perché au sommet et m’appelait en agitant ses ailes:

“Il faut rentrer! Vite! Es-tu prêt?”

(à suivre)

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